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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 17:26

« Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis. »

Emile Zola, « J’accuse », L’Aurore du 13 janvier 1898.

 

Aujourd’hui, la communication est devenue un élément essentiel de la défense, en particulier en matière politique, lorsqu’un accusé innocent est sur le point d’être broyé par un procès kafkaïen. L’affaire Colonna, révoltante à tous égards - et plus encore depuis quelques heures - a déjà donné lieu à quelques articles courageux, y compris dans la presse parisienne. D’autres journalistes, plus réservés ou plus prudents, retiennent encore leur plume, se bornant à rendre compte de façon « neutre » des propos des uns et des autres : président de la Cour, avocats de la défense, des parties civiles… Mais la neutralité, dans un tel cas, participe passivement de l’injustice. Sans compter certaines locutions malheureuses revenant mécaniquement dans les commentaires, telles l’absurde expression « assassin présumé » : dans le droit de n’importe quel pays civilisé, la « présomption » ne peut être que présomption d’innocence. Dans le cas contraire, par un incroyable renversement de la charge de la preuve, ce serait à l’accusé d’établir son innocence !


Pourtant, c’est l’honneur du journaliste que de se refuser à hurler avec les loups, de dénoncer l’inadmissible, d’exprimer ses convictions, de s’engager et de dire : la situation faite à cet homme n’est pas acceptable.

Ce faisant, il peut changer les choses…


C’est la raison pour laquelle il nous faut aujourd’hui en appeler à l’ensemble des commentateurs, corses ou autres : dîtes ce que vous avez sur le cœur, témoignez de ce que vous avez vu et entendu.

Ne vous rendez pas complices d’une infamie.


Dénoncez-là avec force.


Aidez-nous !


Comme l’a fait votre prestigieux confrère en 1898, accusez les accusateurs.

 

Jean-Guy Talamoni

      

 

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commentaires

A
Malgré la débacle du procés colonna, le silence des journalistes, politiques et autres défenseurs des droits de l'homme est assourdissant. Et le peuple s'en fout, obnubilé par son pouvoir d'achat pour s'acheter des écrans plasmas...Je fais réguliérement des petits articles sur Mr Colonna sur mon blog qui ne suscitent qu'indifférence, alors que je suis pour ma part effaré de ce qui se joue en ce moment à la cour d'assises...
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P
La part du brocciu<br /> <br /> N'oublions surtout pas que Zola, au delà de son cri de révolte contre l'injustice, défendait à son époque un homme accusé et condamné parce qu'il était juif, face à un appareil d'Etat et à une hiérarchie militaire profondément antisémites!<br /> <br /> Je m'interroge sérieusement sur la part de "racisme" anticorse dans ce procès, dans le traitement fait par les médias et dans le silence assourdissant des journalistes (qui ne plus des intellectuels mais de simples ouvriers spécialisés de l'information), et des "grandes" consciences françaises , de droite comme de gauche, si promptes à s'émouvoir pour les dénis de justice ou les atteintes aux droits de l'homme à travers la planète. <br /> Car enfin,si les mots ont encore un sens, l'omniprésence de l'expression"le berger de Cargese" ou le berger corse à propos d'ivan Colonna dans tous les articles ou commentaires , n'est elle pas en soi un signe d'une culpabilité présumé du seul fait de ses origines?<br /> Plus grave, comme le rapporte Stéphane Durand Souffland dans le Figaro, un des rares chroniqueurs a dénoncé le déroulement de ce procès, les propos "extraordinaires" tenu par le président "Vergogne" et non plus Wacogne, suffiraient à disqualifier définitivement le sérieux de cette cours d'Assises spéciale, et devraient nous interroger sur cette dimension disons "raciste", je n'ai pas d'autre mot, qui plane sur toute cette affaire. <br /> Je cite:<br /> ". Mais, en dissimulant des pièces, le président a laissé s'installer l'idée que les débats étaient faussés. Son attitude face à certains témoins laisse pantois : pas une question de fond à Mlle Contart, qui a longuement croisé le regard de l'assassin du préfet - elle jure que ce n'est pas Yvan Colonna -, des dizaines de questions à Jean-Louis Malpelli, témoin oculaire de rien du tout à part de la pizza qu'il avait dégustée, le 6 février 1998, avec sa compagne, pendant que le préfet Érignac tombait sous les balles. Comment rester sans réaction face à tout cela, quand on défend un homme qui encourt la plus lourde des peines ?Mercredi encore, les avocats d'Yvan Colonna demandaient à M. Wacogne si les fameuses écoutes fantômes avaient été, comme il l'avait promis la semaine passée, versées au dossier. «Je n'ai pas de nouvelles», répond, désinvolte, le magistrat. Un peu plus tard, justifiant le fait qu'il avait en revanche annexé les photos d'un transport sur les lieux effectué lors du premier procès, il s'essaye à l'humour : «Si j'avais voulu verser la recette du brocciu, j'aurais pu le faire.» Le président Wacogne en est donc au fromage. Le dessert sera pour la fin mars : la condamnation à perpétuité d'un box vide, en guise de pièce montée judiciaire."<br /> <br /> Quelle est donc ce que nous appelleront désormais" la part du brocciu", faute de pouvoir dire racisme, dans tout ça? Imagine-t-on un président déclarer "je pourrais verser la recette du boudin créole au dossier", le jour où ils jugeront le leader du LKP guadeloupéen, sans que personne ne réagisse?<br /> <br /> Toujours deux poids deux mesures, un peu comme la justice en France non?<br /> <br /> Amicizia
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A
Je pense , hélas , qu’à aucun moment la presse dans son ensemble , à l’exception de quelques journalistes courageux , n’ira contre ce que tout le monde s’accorde à appeler la « Raison d’Etat » . Désormais , c’est Yvan Colonna qui est , un fois de plus , coupable de refuser ce procès et nous pouvons le lire dans nombres d’éditos . Yvan Colonna est une nouvelle fois rendu coupable des larmes versées par Madame Erignac sur les marches de la Cour d‘Assises , montrées en boucle sur les chaines de télé. Yvan Colonna est coupable dès la PREMIERE HEURE de son arrestation : «  la police française vient d‘arrêter YVAN COLONNA’ , l‘assassin du Préfet Erignac ." La « Raison d’Etat » prend à ce moment la , le sens que lui accordent toutes les pseudos démocraties .. Certes nous ne sommes pas encore sous le ‘régime des Colonels’ mais c’est maintenant que nous pouvons mesurer la distance qui nous sépare du « Libé » de Sartre au « Libération » de Laurent Joffrin , du « Canard Enchainé » des années 70 au « Canard Enchainé » du XXIe siècle .. « Canard Enchainé » qui a perdu sa plume , pour n’avoir à aucune page dans son édition du 11 mars (sous réserve d’avoir occulté trois lignes) cité le nom d’Yvan Colonna .. Est-il encore vain maintenant de croire qu’ils ne se rendront pas complices de cette infamie ? Qu’il s’agisse de la famille Erignac ou bien de la famille Colonna la « Raison d’Etat » et la « presse » sont passées par la … le mal est déjà fait . Il y avait une victime , il faillait un coupable . Au revoir Zola et bienvenue à Christophe Barbier !
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Présentation

  • : Jean-Guy Talamoni
  • : Jean-Guy Talamoni est avocat. Président de l'Assemblée de Corse, il a publié deux ouvrages politiques, "Ce que nous sommes" (Ramsay/DCL, 2001) et "Libertà" (2004), ainsi que trois livres sur la langue corse.
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