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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 19:02

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La Corse entre identité et mondialisation" , séance animée par Jean-Guy Talamoni, Avocat, Homme politique

"La Corse entre identité et mondialisation" par Jean-Guy Talamoni

Demain à 19:30

Auberge Provençale de La Pauline, La Garde, France

 

Identité corse et mondialisation (introduction)

 

Dans une interview accordée en 1999 au journal Le Monde de l’éducation, Jean Baudrillard dénonçait une culture de masse opérant ce qu’il appelait un « clonage mental » et fabriquant « des êtres qui deviennent une copie conforme les uns des autres ». Il affirmait en outre : « La seule manière de résister au mondial, c’est la singularité ».[1]

En quelques mots, ce penseur de la modernité posait le diagnostic et prescrivait le remède.

Bien entendu, la question mérite d’être examinée dans toute sa complexité, la mondialisation n’ayant pas, de toute évidence, que des défauts. Parmi ses effets positifs, on peut citer notamment la coopération internationale dans le domaine médical ou en matière de droits de l’homme… Reste que le danger d’uniformisation est bien réel et que le processus est déjà en route. Les atteintes à la diversité linguistique et culturelle ne constituent pas le moindre inconvénient du nouveau système planétaire. Dans une telle évolution, les collectivités nationales qui, comme le peuple corse, disposent encore de fortes spécificités, ont naturellement intérêt à les préserver.

Cet ensemble de spécificités forme ce que l’on appelle couramment « identité ». Ce mot, concernant un individu, ne suscite pas de polémique particulière. En revanche, l’expression « identité nationale » appliquée à la France  n’a pas permis l’organisation d’un débat constructif et serein. Sans doute ce débat a-t-il été mal initié. Peut-il l’être s’agissant de l’« identité corse » ? Pour notre part, nous nous efforcerons de ne pas nous enliser dans de stériles considérations sémantiques, d’autant que nous disposons de concepts pertinents : culture, citoyenneté, nationalité…

« Appartenance », « culture » ou « nationalité » corse d’une part, « globalisation » ou « mondialisation » de l’autre : la problématique est posée. Mais notre débat ayant lieu dans le sud de la France, il n’est peut-être pas inintéressant de dépasser le simple cas insulaire.

Comment, en effet, ne pas voir le déséquilibre terrible qui marque l’évolution européenne, et la prédominance pesante du Nord qui s’accentue au fil du temps ? Déjà dénoncée il y a plusieurs décennies par Valéry, par Camus et tant d’autres, l’« Heure du Nord » semble avoir définitivement éclipsé la « Pensée de Midi ». L’Europe qui doit tant, qui doit tout, à ce qui fut conçu il y a plus de deux millénaires sur nos rivages, semble désormais tourner le dos à notre façon de participer au monde. La Méditerranée, qui a pu être comparée à une « Machine à fabriquer de la civilisation », serait devenue, à en croire nos détracteurs, le lieu de toutes les dérives, de toutes les nonchalances, de toutes les insuffisances, face à la « rationalité » et à l’« efficacité » nordiques. Dans son arrogance effrénée, le Nord a annexé jusqu’à la raison, oubliant que c’est au Sud que naquit le logos… 

Voila donc sous quel angle nous souhaiterions aborder le sujet qui nous est proposé : la Corse et la Méditerranée à l’heure de la globalisation, solidarités à construire et résistances à organiser…

 

Jean-Guy Talamoni  



[1] N° 274, octobre 1999.

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Présentation

  • : Jean-Guy Talamoni
  • : Jean-Guy Talamoni est avocat. Président de l'Assemblée de Corse, il a publié deux ouvrages politiques, "Ce que nous sommes" (Ramsay/DCL, 2001) et "Libertà" (2004), ainsi que trois livres sur la langue corse.
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