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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 20:59

Monsieur le préfet,

 

Il y a pratiquement une dizaine d’années, dans votre préfecture, en présence de votre prédécesseur et des responsables de tous les groupes de cette Assemblée, quatre ministres se sont solennellement engagés au nom d’une République dont vous êtes le représentant en Corse.

Etaient présents le premier ministre, le garde des sceaux, le ministre chargé des collectivités territoriales et un ministre de l’intérieur qui est entre-temps devenu Président de la République.

L’engagement, pris de façon on ne peut plus solennelle, concernait la situation des prisonniers politiques : il s’agissait du rapprochement de tous les prisonniers ayant déjà fait l’objet d’une condamnation.

Le ministre de l’intérieur de l’époque avait même tenu à préciser « qu’il ne serait pas fait de différence en fonction de la longueur de la peine ».  

Depuis, malgré les motions unanimes de cette Assemblée, malgré les voyages à Paris des représentants de la Corse, malgré de nouvelles promesses, force est de constater que l’engagement en question n’a pas été tenu.

En ce domaine comme en d’autres, l’Etat français a honteusement manqué à la parole donnée.

Par ailleurs, les dispositions de la loi pénitentiaire votée par le Parlement français le 24 novembre 2009 relatives au rapprochement des prisonniers n’est pas appliquée.

Monsieur le Préfet, ma question est simple : l’Etat français a-t-il l’intention d’honorer enfin ses engagements, anciens et plus récents, et dans quel délai ?    

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 09:34

Monsieur le Président, chers collègues,

 

Nous voici appelés, et nous saluons cette initiative, à parler de la violence en Corse.

Cette fois, il ne s’agit pas, il ne s’agit plus comme cela a été le cas par le passé de chercher à stigmatiser ceux qui ont défendu – et continuent à défendre – la Corse aux dépens de leur liberté et parfois de leur vie.

Il y a quelques jours, le ministre français de l’intérieur lui-même, peu suspect de sympathie pour le mouvement national corse, était bien obligé de reconnaître qu’il n’y avait pas de lien entre la violence, qui se déchaîne actuellement dans l’île, et le nationalisme corse.

Nous prenons acte de cette position, et nous le faisons d’autant plus volontiers qu’elle constitue une nouveauté dans la bouche d’un responsable parisien.

Le champ de notre propos étant à présent clair, nous pouvons nous livrer à une tentative d’analyse, avec modestie, mais également avec la clarté que nous essayons d’adopter en toutes circonstances.

Tout d’abord, il nous faut dire que cette série d’assassinat n’endeuille pas seulement les familles concernées mais qu’elle consterne l’ensemble des Corses. Dans une petite communauté comme la nôtre, où tout le monde se connaît, ou les liens familiaux et amicaux traversent tous les milieux sociaux, chaque Corse ne peut être qu’éprouvé par cette tragique actualité. Quel que soit le choix de vie de certaines des personnes assassinées, il n’en demeure pas moins qu’elles laissent des veuves, des enfants, des parents dans la détresse, et que, compte tenu de la modeste démographie de la Corse, chacun d’entre nous est plus ou moins directement touché…

C’est dire que sur le plan humain, personne ici ne saurait se désintéresser de la situation présente.

S’agissant des causes, elles sont à l’évidence multiples : déstructuration de notre société traditionnelle, problèmes économique et sociaux, perte – voire détournement – de nos valeurs communautaires, administration calamiteuse de la justice en Corse…

Le passage d’une vie largement rurale à une forte concentration urbaine, la quasi disparition de tout un pan de notre économie – mais aussi de notre mode de vie traditionnel – constitué par l’agriculture ou l’élevage, puis l’effondrement de ce secteur, ne sont pas sans lien avec la situation actuelle. Les politiques parisiennes ont à cet égard été dévastatrices : la loi douanière puis le système dit « de la continuité territoriale » ont été pour beaucoup dans le désastre. Ces politiques ont entraîné l’exode rural, l’exil en France ou dans son empire colonial, et en définitive la ruine de la Corse. Tout cela n’était pas le fruit du hasard ni même de l’incompétence des autorités, mais de la volonté délibérée de briser les moyens de l’autonomie matérielle des Corses, et donc de leur dignité collective, pour tisser toujours davantage de liens de dépendance à l’égard de la France.

Mais non content d’avoir ruiné notre peuple, et sans doute pour justifier le sort qui lui était fait, on se mit en tête de le salir aux yeux des autres mais également de lui-même. On a décidé de lui insuffler ce qu’Albert Memmi, penseur de la colonisation, appelle « la haine de soi ». Qu’il y ait eu et qu’il y ait encore en Corse des crimes qui sont commis, c’est une réalité, mais que l’on réduise un pays à cela, et ce depuis des siècles, dans les médias, la littérature et le cinéma, est parfaitement inacceptable, et surtout dangereux pour l’avenir de notre peuple : depuis les bandits corses à la Une du « Petit journal » jusqu’à Monsieur Barbier sur LCI, depuis « Colomba » jusqu’au œuvres cinématographiques modernes, on n’a eu de cesse de montrer la prétendu férocité congénitale d’un peuple dont on a même prétendu qu’il était affecté à cet égard d’un chromosome spécifique ! Qu’une partie conséquente de la presse parisienne salisse volontiers la Corse est une réalité aujourd’hui peu contestable. Notre Assemblée elle-même, pourtant peu susceptible, a été obligée de s’en émouvoir et d’en débattre il y a quelques années. Lorsqu’il s’agit d’œuvres de fiction, il est aujourd’hui politiquement correct de tout accepter et même de s’extasier, comme l’ont fait certains commentateurs corses dans un irrépressible élan de masochisme, devant les prétendues qualités de telle œuvre donnant des Corses une image parfaitement lamentable. Ils devraient pourtant savoir que les fictions, lorsqu’elles vont systématiquement dans le même sens pendant des décennies voire des siècles, contribuent puissamment à forger les représentations qu’une société se fait d’elle-même et à construire des imaginaires collectifs. Entendons nous bien, nous ne prétendons pas indiquer ici la cause des drames qui nous occupent. Nous pensons simplement que cela n’arrange certainement rien dans un contexte déjà favorable aux dérives de toutes sortes.

Par ailleurs, un facteur particulièrement déterminant est sans conteste constitué par les visées spéculatives, ces dernières étant attisées par des projets de développement type PADDUC première mouture. En aiguisant ainsi tous les appétits, on a ouvert une boite de Pandore qu’il ne sera pas aisé de refermer. De fait, on voit bien que dans certaines régions au moins, les assassinats commis ne sont apparemment pas sans lien avec des projets immobiliers, et qu’ils ont commencé lorsque l’on a entrepris, ici même, dans cet hémicycle, de « désanctuariser » l’île. Ainsi, et c’est sans doute l’un des rares moyens dont dispose l’Assemblée de Corse pour influer réellement sur la situation, il conviendra de changer radicalement d’orientations économiques et d’empêcher, autant que faire se peut, toute forme de dérives spéculatives.

J’en viens au dernier point, qui ne constitue pas le moindre problème : l’administration de la justice. Les quelques décennies durant lesquelles elle a été exercée par les Corses eux-mêmes, au cœur du XVIIIe siècle, ont constitué les seules périodes on l’on a vraiment cherché à faire régresser le banditisme. De la justice génoise à la justice française, les Corses sont tombés de Charybde en Scylla : en 1758, dans un ouvrage célèbre, Don Gregorio Salvini, un proche de Paoli, accusait les magistrats génois d’avoir, d’une part, laissé se développer la criminalité et, d’autre part, persécuté les patriotes. Cela ne vous rappelle rien ? Depuis plusieurs décennies, l’Etat français, sa police et sa justice se sont consacrés  exclusivement à la lutte contre le mouvement national. Si les enquêtes criminelles n’aboutissent généralement pas, en revanche des dizaines de militants nationaux croupissent dans les prisons françaises, souvent sur la base de dossiers vides. On va jusqu’à traduire en correctionnelle des syndicalistes qui refusent de se voir prélever leur matériel ADN comme s’ils étaient des tueurs en série ou des pédophiles ! Les juges n’ont-ils pas mieux à faire ?

 

L’Assemblée de Corse n’a pas pour l’heure de compétences judiciaires, ce que l’on peut regretter. Cela ne nous empêche pas, en notre qualité de représentants légitimes du peuple corse, d’exprimer notre désaccord sur les politiques menées.

Mais nous souhaiterions aller plus loin, en formulant une proposition concrète et relevant de nos responsabilités.

À circulé, depuis quelques mois, l’idée selon laquelle il y aurait des liens entre d’une part la délinquance organisée, d’autre part le monde économique, et enfin certains élus de la Corse. Si cette idée s’avérait correspondre à la réalité, aujourd’hui ou demain, nous serions réellement en présence d’une dérive de type mafieux, au sens strict du terme. C’est la raison pour laquelle nous pensons pour notre part que nos institutions, celles de la Corse, doivent présenter toutes les garanties de transparence afin de ne pas prêter, à tort ou à raison, le flanc à ce genre d’accusations, gravissimes. Or, la situation en matière de transparence n’est guère aujourd’hui satisfaisante et risque encore de s’aggraver avec l’avenir incertain de la Chambre régionale des comptes. Par ailleurs, l’évaluation des politiques publiques se fait aujourd’hui de façon régulière dans toutes les démocraties de la planète. Pour notre part, nous ne disposons pour procéder à cette évaluation que d’une commission d’élus, qui n’a évidemment pas les moyens , faute des ressources humaines nécessaires, de vérifier les activités de la CTC et de ses multiples organismes. Notre proposition est donc de créer une Cour territoriale des comptes et de l’évaluation des politiques publiques, placée sous l’égide de la CTC. Elle serait pilotée par un Conseil comprenant des délégués de tous les groupes de notre Assemblée et disposerait de fonctionnaires formés au contrôle et à l’évaluation. Ces fonctionnaires seraient pourvus d’un statut protecteur leur assurant une certaine indépendance dans leur travail.

 

Voilà simplement ce que nous voulions dire sur ce sujet difficile et douloureux : en la matière comme en d’autres domaines, la politique française a mené à la catastrophe.

De ce constat, il faudra bien un jour tirer toutes les conséquences. Mais dès à présent, il nous appartient de lancer un signal clair à la société corse qu’il faut convaincre de notre volonté d’agir, dans la mesure de notre pouvoir.

Sinon, on pourra dire de ce débat ce qu’ont inspiré, depuis des années, nombre de déclarations d’intention prononcées dans cet hémicycle : « Belle chjachjere è tristi fatti. ».

 

 

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 19:02

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La Corse entre identité et mondialisation" , séance animée par Jean-Guy Talamoni, Avocat, Homme politique

"La Corse entre identité et mondialisation" par Jean-Guy Talamoni

Demain à 19:30

Auberge Provençale de La Pauline, La Garde, France

 

Identité corse et mondialisation (introduction)

 

Dans une interview accordée en 1999 au journal Le Monde de l’éducation, Jean Baudrillard dénonçait une culture de masse opérant ce qu’il appelait un « clonage mental » et fabriquant « des êtres qui deviennent une copie conforme les uns des autres ». Il affirmait en outre : « La seule manière de résister au mondial, c’est la singularité ».[1]

En quelques mots, ce penseur de la modernité posait le diagnostic et prescrivait le remède.

Bien entendu, la question mérite d’être examinée dans toute sa complexité, la mondialisation n’ayant pas, de toute évidence, que des défauts. Parmi ses effets positifs, on peut citer notamment la coopération internationale dans le domaine médical ou en matière de droits de l’homme… Reste que le danger d’uniformisation est bien réel et que le processus est déjà en route. Les atteintes à la diversité linguistique et culturelle ne constituent pas le moindre inconvénient du nouveau système planétaire. Dans une telle évolution, les collectivités nationales qui, comme le peuple corse, disposent encore de fortes spécificités, ont naturellement intérêt à les préserver.

Cet ensemble de spécificités forme ce que l’on appelle couramment « identité ». Ce mot, concernant un individu, ne suscite pas de polémique particulière. En revanche, l’expression « identité nationale » appliquée à la France  n’a pas permis l’organisation d’un débat constructif et serein. Sans doute ce débat a-t-il été mal initié. Peut-il l’être s’agissant de l’« identité corse » ? Pour notre part, nous nous efforcerons de ne pas nous enliser dans de stériles considérations sémantiques, d’autant que nous disposons de concepts pertinents : culture, citoyenneté, nationalité…

« Appartenance », « culture » ou « nationalité » corse d’une part, « globalisation » ou « mondialisation » de l’autre : la problématique est posée. Mais notre débat ayant lieu dans le sud de la France, il n’est peut-être pas inintéressant de dépasser le simple cas insulaire.

Comment, en effet, ne pas voir le déséquilibre terrible qui marque l’évolution européenne, et la prédominance pesante du Nord qui s’accentue au fil du temps ? Déjà dénoncée il y a plusieurs décennies par Valéry, par Camus et tant d’autres, l’« Heure du Nord » semble avoir définitivement éclipsé la « Pensée de Midi ». L’Europe qui doit tant, qui doit tout, à ce qui fut conçu il y a plus de deux millénaires sur nos rivages, semble désormais tourner le dos à notre façon de participer au monde. La Méditerranée, qui a pu être comparée à une « Machine à fabriquer de la civilisation », serait devenue, à en croire nos détracteurs, le lieu de toutes les dérives, de toutes les nonchalances, de toutes les insuffisances, face à la « rationalité » et à l’« efficacité » nordiques. Dans son arrogance effrénée, le Nord a annexé jusqu’à la raison, oubliant que c’est au Sud que naquit le logos… 

Voila donc sous quel angle nous souhaiterions aborder le sujet qui nous est proposé : la Corse et la Méditerranée à l’heure de la globalisation, solidarités à construire et résistances à organiser…

 

Jean-Guy Talamoni  



[1] N° 274, octobre 1999.

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9 août 2010 1 09 /08 /août /2010 09:33

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Tout d’abord, je voudrais à mon tour remercier chaleureusement les délégations étrangères qui, cette année encore, nous ont fait l’honneur et le plaisir de venir travailler avec nous dans un esprit de solidarité et d’amitié.

 

Il nous faut également remercier les responsables des autres formations corses, politiques, syndicales ou associatives, qui ont participé à nos débats.

 

Enfin, nous adressons un salut fraternel à tous les prisonniers et à ceux qui, même libérés, se voient imposer des conditions inhumaines tel que l’exil, l’éloignement injustifiable de leur famille et de leur terre.

 

Les relations internationales

 

Dans les semaines et les mois à venir, Corsica Libera développera ses relations internationales à partir de deux cercles de solidarité, qu’il ne convient pas, bien entendu, de concevoir dans un ordre de priorité, mais bien de complémentarité : celui de la Méditerranéité et celui des résistances.

 

Le premier cercle de solidarité est celui de la Méditerranéité.

 

Comment, en effet, ne pas voir le déséquilibre terrible qui marque l’évolution européenne, et la prédominance pesante du Nord qui s’accentue au fil du temps. Déjà dénoncée il y a plusieurs décennies par Valéry, par Camus et tant d’autres, l’« Heure du Nord » semble avoir définitivement éclipsé la « Pensée de Midi ». L’Europe, qui doit tant, qui doit tout, à ce qui fut conçu il y a plus de deux millénaires sur nos rivages, semble désormais tourner le dos à notre façon de participer au monde. La Méditerranée, qui a pu être comparée à une « Machine à fabriquer de la civilisation », serait devenue, à en croire nos détracteurs, le lieu de toutes les dérives, de toutes les nonchalances, de toutes les insuffisances, face à la « rationalité » et à l’« efficacité » nordiques. Dans son arrogance effrénée, le Nord a annexé jusqu’à la raison, oubliant que c’est au Sud que naquit le logos…  Entendons nous bien, il ne s’agit pas pour nous d’attiser les animosités ou de promouvoir un quelconque « nationalisme du soleil » mais de dire, simplement, que l’Europe a été fondée sur un équilibre entre le Sud et le Nord, et que celui-ci, aujourd’hui, n’est pas seulement menacé mais nié et réduit à néant.

D’autant qu’au moment même où ils jettent le discrédit sur nos valeurs, notre façon de vivre et notre mentalité collective, les mêmes s’emparent avec avidité de nos terres et de nos maisons. Les barbares du XXIe siècle ne déferlent pas sur la Méditerranée munis comme autrefois du fer et du feu comme seul argument, mais armés d’un moyen tout aussi déstructurant, tout aussi dévastateur pour nos sociétés méridionales : la puissance de l’argent. Des localités entières des Baléares parlent allemand, des hameaux provençaux parlent anglais. Quant à la Corse, la lutte nationale a permis de limiter quelque peu les dégâts jusqu’à présent. Mais à quel prix… Le problème n’est évidemment pas l’origine de ces nouveaux occupants, mais précisément qu’ils se comportent en occupants, le problème c’est la façon brutale, méprisante et injuste, qu’ils ont de s’imposer chez nous par leur puissance financière. À cette barbarie de « l’argent roi » qui dévaste nos cultures multimillénaires, nous devons opposer notre génie collectif, notre solidarité et notre détermination.

Pour nous Méditerranéens, il conviendra de faire l’impossible afin de reprendre la place qui est naturellement la nôtre, sur notre terre et dans le cours de l’histoire. Les démarches institutionnelles dites du « Processus de Barcelone », de l’« Union pour la Méditerranée », de l’« Arc latin », n’ont pour l’instant donné que des résultats insuffisants. Il faudra cependant y demeurer attentifs. Corsica Libera réaffirme également son engagement au sein de la « Conférence des Nations sans Etat de la Méditerranée » impulsée par nos amis catalans d’Estat Català et d’Esquerra Republicana.

La Corse, que l’un des principaux poètes et penseurs du Mare Nostrum a pu qualifier naguère de « Surméditerranée », la Corse, placée par la grâce des dieux au centre de cette incontournable région du monde, a certainement un rôle à jouer dans la réhabilitation et l’affirmation politique du bassin méditerranéen, berceau de la Civilisation européenne. Aux côtés d’autres peuples, dont certains sont représentés à ces Ghjurnate, nous tiendrons notre place.

 

Le second cercle de solidarité est celui des résistances.

Le mot de « résistance » doit ici être pris au sens que lui a notamment donné, il y a quelques années, le sous-Commandant Marcos lorsqu’il appela à la création de « foyers de résistance » à l’ordre voulu par les « Maîtres du monde », ceux qui entendent décider pour tous mais dans l’intérêt de quelques uns.

Résistance, bien évidemment, à l’ordre colonial français, ordre colonial qui n’est malheureusement pas de l’histoire ancienne : nos frères de Kanaky, de Polynésie, de la Caraïbe et d’ailleurs, peuvent en témoigner… La répression politique et syndicale frappe tous ceux qui refusent de voir perpétuer chez eux les schémas coloniaux… L’an dernier, avec nos amis du LKP, de l’USTKE et d’autres, nous avons commencé à donner un cadre structurel à notre solidarité, notamment sur le plan judiciaire à travers un collectif d’avocat. Cette solidarité s’est exercée, depuis, à l’occasion des procès contre les marins du STC, contre les militants de l’USTKE… S’agissant de la Corse, rappelons que ces derniers mois, le Président du syndicat agricole FDSEA a comparu plusieurs fois devant la justice française, et ce pour avoir dénoncé l’accaparement de nos terres par des intérêts étrangers. Dans quelques semaines, comparaîtront à nouveau les marins du « Paoli » qui, déjà condamnés par un tribunal correctionnel, ont refusé de laisser de surcroît prélever leur matériel ADN, estimant qu’un syndicaliste n’avait pas à être fiché comme un violeur ou un tueur en série. En ce qui concerne ces prélèvements ADN, Corsica Libera a engagé un bras de fer en demandant à ses militants de refuser de s’y soumettre, ce qui nous a valu déjà une quinzaine de procès qui se sont tous soldés par des relaxes, malgré l’acharnement du Parquet… Mais aujourd’hui, en France même, des voix s’élèvent pour contester cette pratique attentatoire aux droits de la personne humaine, et nous sommes fiers d’avoir ouvert le chemin à une juste contestation qui semble à présent s’étendre bien au-delà des côtes de la Corse. Dans les mois qui viennent, il sera nécessaire d’organiser ensemble la riposte à ces fichages ADN, question qui n’est pas seulement l’affaire des Corses.

D’une façon plus générale, Corsica Libera adresse son soutien à toutes les victimes d’une justice demeurée résolument coloniale. Corsica Libera réaffirme par ailleurs son plein engagement dans la démarche dite de la « Déclaration de Corti » des nations sans état sous tutelle française.

Mais notre solidarité ne s’exerce pas seulement à l’égard de ceux qui, comme nous, sont aux prises avec Paris. Cette année, nous avons le plaisir d’accueillir, parmi de nombreux invités, une délégation du Sinn Féin irlandais…

Après avoir mené une lutte exemplaire, dont la phase moderne a été initiée par l’insurrection de Pâques 1916, après les combats des années 1970, après le « Bloody Sunday », après les sacrifices de Long Kesh, après, également, les succès militaires de l’IRA, ce peuple, dont les poètes sont aussi des guerriers, trouvait enfin le difficile chemin de l’apaisement avec l’accord du Vendredi saint de 1998. Depuis, le nouveau défi est celui de la construction de la paix. Aux prix de multiples difficultés, les Irlandais tracent leur voie vers un avenir meilleur, pour eux, mais également pour les autres peuples. Ainsi, le Sinn Féin s’est grandement impliqué dans les tentatives de règlement de la question basque, apportant son expérience que l’on a pu qualifier d’« ingénierie de la paix ». Dans cette perspective, la présence du parti irlandais aux journées de Corti n’est pas anodine, au moment où la Corse cherche une issue à une crise si ancienne… Nous tenons ici à remercier chaleureusement le Sinn Féin, et en particulier Paul Flemming, pour leur contribution à nos débats.

 

La situation corse

 

La situation de notre pays est aujourd’hui très différente de celle qu’elle était lors des dernières Ghjurnate Internaziunale. Les dirigeants de la Collectivité Territoriale de Corse ne sont plus les mêmes, le PADDUC, plan de développement qui consistait à mettre la Corse en vente, a été définitivement abandonné. Quant au mouvement Corsica Libera, dont certains observateurs se sont hasardés à prédire un grave affaiblissement, il a démontré lors des élections de mars dernier qu’il portait les espoirs d’un grand nombre de Corses. Par ailleurs, le courant nationaliste dans son ensemble est devenu la principale force au sein du paysage politique.

Doit-on pour autant être rassuré ? Il n’est qu’à observer la situation dramatique de notre peuple, aux plans économique, social, culturel et moral, pour nous rendre compte de la gravité de la crise…

Il faut au plus tôt transformer le succès électoral de mars dernier en victoire politique, si l’on ne veut pas avoir eu raison trop tard… Chaque jour, notre langue recule, avec les valeurs qu’elle porte en elle, chaque jour de nouveaux Corses s’enfoncent dans la précarité, chaque jour, des parcelles de la terre corse passent en des mains étrangères, chaque jour, la mission que nous nous sommes assignés devient plus difficile à réaliser : sauver notre peuple d’une disparition certaine et tracer la voie d’un renouveau, celui de l’indépendance nationale.

Certes, davantage de Corses en sont conscient qu’il y a quelques années. Certes, beaucoup ont voté nationaliste en mars dernier pour la première fois de leur vie. Certes, nos idées sont de mieux en mieux accueillies par nos compatriotes… Mais il faut aujourd’hui rassembler les énergies de tous les Corses qui attachent de l’importance à l’existence de leur peuple. Il est temps de mettre de côté les querelles entre ceux qui furent qualifiés de « clanistes » et ce que l’on désigna sous le vocable de « séparatistes ». Devant la situation que nous rencontrons et l’incertitude que nous avons sur la pérennité de la communauté corse en Corse, l’heure est à la réconciliation de cette communauté avec elle-même, l’heure est à l’union de tous les Corses qui veulent le demeurer - quel que soit leur préférence politique -, l’heure est à l’édification d’un nécessaire compromis historique, et ce sans la moindre compromission, l’heure est la mise en synergie des forces nationales, l’heure est à la création d’un front commun, l’heure est à la constitution di u partitu di a Corsica.

Plus que jamais, ce compromis conduisant à une sortie de crise semble à portée de main : les revendications qui sont les nôtres semblent désormais largement partagées, y compris au sein de la classe politique dite « traditionnelle » :

Sur la question du foncier, des Assises se tiendront dès septembre, à la demande de Corsica Libera. Nous défendrons à cette occasion notre proposition de citoyenneté fondée sur 10 ans de résidence, seule solution praticable s’il on veut arrêter la hausse des prix de l’immobilier, qui est également une position particulièrement ouverte et généreuse.

Sur la question de la langue corse, nous avons bien enregistré la déclaration du Conseiller exécutif en charge du dossier, qui s’est dit favorable à la co-officialité.

Concernant le problème des prisonniers, nous avons bien entendu la réponse de Monsieur Giacobbi à notre interpellation et son accord - total - affirmé publiquement à l’égard de nos positions.

Sur ces trois questions primordiales, si l’on sent bien des frémissements favorables à nos demandes, il faudra à présent passer rapidement des paroles aux actes, da u dì à u fà.

Pour notre part, nous sommes prêts à participer avec loyauté au débat sur l’avenir de la Corse, qui devra nécessairement être ouvert dans les mois à venir, ne serait-ce qu’en raison de la réforme institutionnelle projetée par Paris et sur laquelle l’Assemblée de Corse est appelée à se prononcer.

Nous sommes prêts à y participer avec la légitimité que nous ont conférée les urnes, mais également avec celle que nous a donnée un combat de plusieurs décennies et les nombreux sacrifices consentis pour que vive le peuple corse.

Nous sommes prêts à travailler, loyalement, avec tous les représentants de la société corse, en particulier sur les trois points que nous venons d’évoquer et qui nous apparaissent comme les conditions sine qua non de l’apaisement : règlement de la question foncière, officialisation de la langue, prise en compte des prisonniers.

Nous le disons avec solennité : si du débat à venir naissait un accord sur ces questions, un pacte susceptible de donner à notre peuple des garanties quant à son avenir comme communauté vivante et originale sur sa terre, alors nous pèserions de tout notre poids pour que la crise soit derrière nous et que s’ouvre une ère de paix, de construction et de prospérité.

 

Nous avons, aujourd’hui plus qu’hier encore, « l’optimisme de la volonté » et la conviction au plus profond de nous-mêmes que nous allons connaître un avenir serein et digne, dans une Corse qui aura enfin accédé au bien-être – moral, mais également matériel – que ses richesses lui promettent, une Corse entrée de plain-pied dans la modernité sans toutefois renoncer à ce qu’elle est : non pas une simple circonscription administrative française - ce qu’elle n’a d’ailleurs jamais été -, mais un pays, une nation, avec tout ce que le mot recèle aux plans politique, matériel, culturel et moral. Si notre foi demeure intacte, malgré les années et les épreuves, c’est parce que notre idée de la Corse, di a Corsica eterna, est ce pont spirituel, ininterrompu, entre les générations passées, celles d’aujourd’hui et celles à venir... Voilà ce dont Corsica Libera est porteuse, voilà pourquoi tant de Corses continuent et continueront à nous faire confiance, démentant les sondages et les prévisions des milieux dits « autorisés ». Si ces milliers de Corses nous soutiennent, c’est bien parce que, au cœur même de la nuit, nous étions cette voix qui leur parlait inlassablement de dignité. Si dans chaque quartier, dans chaque village de Corse, les militants de Corsica Libera sont écoutés, c’est parce que leur parole est claire et que leur geste est ferme. Fidélité, constance, clarté, détermination, a fede, l’amore di una terra : voilà donc, en quelques mots, la clef des succès passés et des victoires à venir. Des victoires, non pas au bénéfice d’une formation politique, mais au profit de l’ensemble de notre peuple.

Eccu, in poche parole perchè avemu da vince.

 

Evviva a nazione !

Evviva a Corsica Libera !     

 

  

 

 

   

 

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 08:25

michel-onfray.jpg

Dans un article publié le 10 juillet dernier dans les colonnes du Monde (« Les deux bouts de la langue »), Michel Onfray s’attaque à la question linguistique. Sa position peut se résumer à une étrange affirmation : « …la multiplicité des idiomes constitue moins une richesse qu’une pauvreté ontologique et politique. » Cette « analyse », fondée sur une interprétation quelque peu approximative du mythe de Babel (la référence biblique a quelque chose d’insolite sous la plume de notre « athéologue »![1]), se heurte à celle de l’ensemble des spécialistes de la question, ainsi que des institutions internationales. En effet, la préservation de la diversité linguistique est aujourd’hui un objectif politique à peu près incontesté, sauf dans certains cercles hexagonaux dépositaires du sinistre héritage de l’abbé Grégoire (et non de l’abbé de Saint-Pierre, chantre de la « paix perpétuelle », que Michel Onfray appelle curieusement au soutien de sa thèse !). Ainsi, pour le philosophe-athéologue, défendre une langue « minoritaire » serait une « entreprise thanatophilique », précisant que « son équivalent en zoologie consisterait à vouloir réintroduire le dinosaure dans le quartier de la défense et le ptérodactyle à Saint-Germain-des-Prés… ». La métaphore, passablement outrancière, permet toutefois de localiser les préoccupations de notre philosophe-athéologue-linguiste-zoologue. Rappelons qu’il fut un temps, Michel Onfray s’insurgeait de pouvoir être considéré comme un Parisien. Ce qui n’est d’ailleurs pas un défaut, à la différence du parisianisme et de cette vision ethnocentriste conduisant à tenir la capitale française comme l’ombilic du monde. Parmi les arguments assénés par l’auteur, des poncifs qu’aujourd’hui, Jean-Pierre Chevènement lui-même hésiterait à reprendre : « …j’eus des amis corses qui, le vin aidant, oubliaient un instant leur religion et leur catéchisme nationaliste pour avouer qu’un berger du cap corse ne parlait pas la même langue que son compagnon du cap Pertusato ! » Est-il vraiment utile de répondre sur ce point ? La fable des Corses qui ne se comprennent pas relève, en effet, de propos passablement avinés… Vous observerez ici l’argument d’autorité : « des amis corses, le vin aidant… » Le processus épistémologique mis en œuvre par notre philosophe-linguiste-zoologue-œnologue est décidément imparable. Citons enfin le bouquet final, constituant un vibrant plaidoyer en faveur de l’espéranto, « vœu d’une nouvelle Grèce de Périclès pour l’humanité entière ». Bien… Là où ça se gâte, c’est lorsque Michel Onfray croit bon de préciser : « …car était grec quiconque parlait grec : on habitait la langue plus qu’un territoire… » Sauf que pour être citoyen athénien, il fallait, dans une première période, naître d’un père athénien, et, après la réforme de 451 – initiée précisément par Périclès ! – de deux parents athéniens, libres, unis de surcroît par un mariage légitime ! Fâcheux oubli de la part de notre philosophe-linguiste-zoologue-œnologue-helléniste…

Nous passerons sur la langue régionale « outil de fermeture sur soi », « dispositif tribal », « machine de guerre anti-universelle » aux mains des nationalistes…       

Bref, on avait connu Michel Onfray mieux inspiré. Sans doute est-il quelque peu périlleux de mener de front les différentes croisades qu’il a entreprises : contre la Chrétienté, contre Freud, contre les nationalistes corses, etc. Il est vrai que ces sujets sont d’une grande complexité, d’une complexité telle que son omniscience elle-même ne devrait pas le dispenser d’un peu de réflexion. La sagesse populaire ne l’enseigne-t-elle pas : « tourner sept fois sa langue dans sa bouche » ?

 

(Publié dans "Corse Matin", le 28 juillet 2010).



[1] Michel Onfray est l’auteur d’un « Traité d’athéologie », dans lequel il s’en prend violemment aux trois religions monothéistes.

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 21:50

Communiqué avec prière d’insérer – Merci :

 

La scandaleuse décision de la DNCG à l’encontre du Sporting a déclenché un tollé, et ce à juste titre. Il relève d’une attitude purement raciste, relevée par tous les observateurs de bonne foi. Le camouflet infligé, tant aux supporters qu’aux institutions corses, est parfaitement insupportable. Cependant, n’auront été surpris que ceux qui attendent encore quelque chose des responsables français, qu’ils soient administratifs, politiques ou sportifs. À cet égard, Corsica Libera ne s’est jamais fait d’illusions. La violation par Paris de ses propres lois dès lors qu’il s’agit de la Corse n’est pas une nouveauté : dans un registre plus grave, il n’est qu’à observer la situation inique et illégale faite aux prisonniers corses. Corsica Libera considère qu’il serait parfaitement indigne, de la part des Corses, insultés et bafoués de toutes les façons possibles, de se tourner encore vers ceux qui les détestent, et, pire encore, qui les méprisent souverainement. Bien entendu, Corsica Libera participera à toute démarche visant à assurer un avenir au Sporting qui représente une part de notre patrimoine collectif.

 

CORSICA LIBERA

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 18:36

ass-copie-1.jpg

Quelles analyses faites-vous de ces élections territoriales ?

Tout d’abord, vous me permettrez de réitérer nos remerciements aux milliers de Corses qui nous ont accordé leur confiance. S’agissant de l’analyse du scrutin, plus que « l’alternance », dont la portée reste à vérifier, l’élément majeur me paraît être le résultat des nationalistes. En ce qui concerne plus spécifiquement Corsica Libera, il n’avait échappé à personne que la barre de 7% avait été instituée pour éliminer notre courant du paysage institutionnel. Les auteurs de cette manœuvre, et leurs commanditaires, en ont été pour leur frais : nous sommes sortis de cette élection considérablement renforcés.

Votre avis sur le score historique des nationalistes

« Historique » est effectivement le mot : 36% et quinze sièges, soit la première force d’opposition. Quinze sièges, c’est autant que ce dont dispose la coalition au pouvoir, si l’on retranche les neuf sièges « volés », à savoir ceux du « bonus » institué en dépit de la démocratie la plus élémentaire. Le président de la république française avait dit il y a quelques mois que les nationalistes n’étaient plus au centre du jeu. Ils viennent de démontrer qu’ils y sont plus que jamais. À Paris d’en tirer toutes les conséquences.

Le bilan pour votre mouvement 

Corsica Libera rassemble sur sa seule bannière 10% des voix. Les trois formations participant à la coalition « Femu a Corsica » (Inseme, Chjama, PNC) totalisent 26%. Il faut ajouter les formations qui ne sont pas représentées à l’Assemblée (I Verdi, A Manca). Le Mouvement national représente globalement une force considérable. Consciente des responsabilités que lui donne son score, Corsica Libera continuera à oeuvrer pour que les nationalistes forment, dans leur diversité, une force cohérente sur l’essentiel.

Le bilan des nationalistes « modérés » et de leur stratégie 

La méthode qui a consisté à rechercher, séparément, des accords avec les forces dites « traditionnelles » a montré ses limites. Lors de la réunion organisée par « Femu a Corsica » à Aiacciu entre les deux tours, nous avons été la seule liste encore en course à répondre à l’invitation. À l’occasion de l’élection du président de l’Assemblée de Corse, Gilles Simeoni n’a obtenu que les voix de son groupe et celles de Corsica Libera… Manifestement, aucun élu autre que nationaliste n’a daigné saisir le main tendue par « Femu a Corsica ». Cette dernière, malgré le nombre de suffrages recueilli au deuxième tour, n’a pu accéder aux responsabilités comme elle ambitionnait de le faire. Reste aujourd’hui la méthode que nous préconisons depuis des mois : travailler d’abord entre nationalistes pour devenir le moteur du changement puis, dans un second temps, discuter avec tous les autres représentants du peuple corse.   

Si vous aviez été unis au premier ou au second tour,  auriez-vous pu gagner ces élections ?

La dynamique provoquée par une liste commune à tous les nationalistes aurait pu engendrer une surprise encore plus grande que celle que nous avons connue. Dans une telle configuration, tous les espoirs étaient permis. À présent, plutôt que de concevoir des regrets, il faut penser à l’avenir…

Entre le deuxième et le troisième tour, des négociations ont été  engagées entre la droite et les nationalistes, qu’en pensez vous, étiez vous partie prenante et quelle a été votre position ?

À ma connaissance, aucune proposition précise n’a été formulée auprès de l’une des deux listes nationalistes. En tout état de cause, on voit mal ce qui aurait pu être fait, sauf à emprunter des chemins particulièrement scabreux. Ce que pour notre part nous n’avons jamais envisagé de faire.

En quoi ce succès  électoral va-t-il influer sur vos revendications, ou sur votre stratégie politique ?

Sur le contenu de nos revendications, il n’y aura pas de changement. Nous portons un projet clair. Nous sommes à présent mandatés pour le défendre. En revanche, notre position s’est nettement améliorée. La situation créée par le résultat des élections nous permet d’être particulièrement offensifs sur les thèmes qui nous tiennent à cœur : foncier, emploi, citoyenneté, langue, prisonniers… Pour commencer, nous avons déposé, comme promis, notre motion relative à l’organisation, avant l’été, des « Assises du foncier et du logement ». Rappelons-nous qu’entre les deux tours, Monsieur Giacobbi a pris acte de notre demande et s’est engagé à y donner suite en cas d’accès aux responsabilités. Il est à présent en situation. Il ne lui reste plus qu’à tenir parole. 

Avec ces résultats, le rapport de force ne s’est-t- il pas déplacé entre Paris et la Corse ?

Il convient de rester réaliste : les choses demeurent difficiles et nous n’avons pas l’habitude de faire preuve de forfanterie. Toutefois, il est évident que le rapport de force a évolué notablement. 

Comment interprétez-vous ces appels à la fin de la lutte armée ? Le temps est il venu comme le préconisent certains commentateurs ?

Corsica Libera est une organisation publique et il ne lui appartient pas de décider quoi que ce soit à cet égard. Observons simplement que ces appels ne semblent pas dénués d’arrière pensées et de calculs politiciens. Et que l’arrêt de la lutte armée ne paraît pas être aujourd’hui la priorité des Corses qui ont bien d’autres sujets de préoccupation.

Cet hiver, les Restos du cœur ont distribué 30000 repas dans les villages de l’intérieur, principalement à des vieux retraités. En milieu urbain, l’aide des restos du cœur va non seulement à des chômeurs et à des retraités mais de plus en plus à des salariés à faible revenu et à des femmes seules élevant leurs enfants. La société corse traditionnelle est elle en pleine déstructuration ? 

La solidarité familiale, qui fait partie de nos valeurs culturelles, a de plus en plus de mal à cacher la précarité qui s’installe. Pourtant, dans un pays doté de tous les atouts, avec un peuple de dimension modeste comme le nôtre, chacun devrait vivre non seulement dignement mais confortablement. La Corse a été appauvrie par les politiques démentes qui y ont été menées par Paris et ses relais dans l’île. C’est avec ces politiques qu’il faudra rompre, ce que nous proposons à travers notre projet « Corsica 21 ». Mais, dès à présent, nous préconisons un certain nombre de mesures d’urgence concernant l’accès au crédit, l’emploi, le niveau des prix, le logement, la santé publique, la précarité étudiante… La question sociale doit être au cœur des préoccupations de la nouvelle Assemblée.

Le philosophe Marcel Conche a rejoint le comité de soutien de Corsica Libera pour les élections territoriales. Quel est le sens de cette démarche d’un grand intellectuel français à l’égard de votre mouvement ?

Il s’agit effectivement d’une caution précieuse pour nos idées. D’autant que cette position est mûrement réfléchie et que Marcel Conche est loin de renier la France : dans son ouvrage « Le fondement de la morale » (PUF, 1993-2003), le philosophe prend pour point de départ de son cheminement vers la vérité les idées françaises de la fin du XVIIIe siècle. Contrairement à ce que pensent beaucoup de Corses, les vrais intellectuels français ne sont pas défavorables à notre mouvement. En revanche, une prétendue « élite » politico-médiatique parisienne ne trouve pas de mots assez durs lorsqu’il s’agit de la Corse. Je pense toutefois que le soutien ou la sympathie d’hommes comme Marcel Conche ou Albert Memmi compensent largement l’hostilité d’un Christophe Barbier dont les dérisoires persiflages confirment finalement la justesse de notre cause.   

Quel sera la position de votre groupe à l’Assemblée ?  Si Paul Giacobbi cherche un consensus dans la perspective d’une application pleine du statut ou même d’un Matignon 2 ? 

En ce qui nous concerne, nous avons toujours dit que la sortie de crise ne pourrait se faire qu’à travers un règlement politique de la question corse. Aussi, si un dialogue se dessinait dans les temps à venir, nous y prendrions évidemment toute notre place, avec la même loyauté que celle dont nous avons fait preuve lors de la démarche de Lionel Jospin. Avec la même détermination aussi. Une analyse sereine de la situation nouvelle devrait conduire Paris à envisager un processus de dévolution au bénéfice de la Corse. Le niveau acceptable pour tourner définitivement la page du conflit me paraît être assez facile à trouver : citoyenneté corse, officialité de la langue, rapprochement puis libération des prisonniers…

Il faut commencer à discuter de tout ça cours Grandval. Le nouveau président de l’Assemblée a déclaré : « In viaghju s’acconcierà a soma ». Acceptons-en l’augure.


 

 

 

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 18:33

ass-copie-1.jpgPer il leader della Corsica Libera, la crisi può essere raggiunto solo attraverso una soluzione politica della questione della Corsica

Con l'ultima tornata elettorale il partito indipendentista conquista il 9,85%, con più di 14.000 voti e 4 candidati eletti. Corsica Libera riesce ad essere presente all'Assemblea di Corsa. I 15 eletti nazionalisti, tutte le tendenze sono rappresentate nella nuova maggioranza di sinistra che si è formata sull'isola. Essi sperano siano accolte le loro richieste di base.



Quali analisi si può fare con i risultati elettorali territorialiali?

Innanzitutto, mi permetta di ribadire il nostro ringraziamento alle migliaia di Corsi che ci hanno dato la loro fiducia. Per quanto riguarda l'analisi del sondaggio, oltre il "supplente", il cui scopo è quello di verificare, il fattore principale sembra essere il risultato dei nazionalisti. Per quanto riguarda in particolare la Corsica Libera, che ha raggiunto il 7% . Gli autori di questa manovra, ei loro sponsor, sono costati molto: siamo venuti fuori da questa elezione ha notevolmente rafforzato.

Con un punteggio nazionalisti storici sono ora alla pari con le altre forze politiche ...

"Storia" è proprio la parola: il 36% e seggi in quindici anni, la prima opposizione. Quindici seggi, come quello a disposizione della coalizione, se sottraiamo i nove posti 'rubati', cioè a quelle del "bonus" di cui, nonostante la maggior parte della democrazia di base. Il presidente francese aveva detto alcuni mesi fa che i nazionalisti erano più al centro del gioco hanno appena dimostrato di essere più che mai. A Parigi, di trarre tutte le conseguenze.

Corsica Libera raccoglie sul gonfalone solo il 10% dei voti. Le tre squadre che partecipano alla coalizione "ha Femu Corsica (inseminazione, Chjama PNC) è pari a 26%. Noi aggiungiamo i corsi che non sono rappresentati in Assemblea (I Verdi, Manca A). Il Movimento Nazionale, rappresenta una forza notevole. Consapevole delle responsabilità assegnate dal punteggio, la Corsica Libera continuano a lavorare per i nazionalisti sono, nella loro diversità, una forza coesa sui punti essenziali.

La strategia di apertura dei nazionalisti 'moderati' ha dato i suoi frutti?

Il metodo è stato quello di esaminare separatamente accordi con le forze chiamate "tradizionali" ha mostrato i suoi limiti. Nel corso della riunione organizzata dalla "Corsica Femu ha" per Aiacciu tra le due torri, eravamo l'unica lista di sinistra nella corsa per rispondere all'invito. Durante l'elezione del Presidente dell'Assemblea della Corsica, Gilles Simeoni ha vinto solo le voci del suo gruppo e quelli della Corsica Libera ... Ovviamente, niente meno eletti nazionalista si è degnato di afferrare la mano tesa da "un Femu Corsica. Quest'ultimo, nonostante il numero di voti ricevuti nel secondo turno, era in grado di responsabilità che aspirava a fare. E rimane anche oggi il metodo abbiamo sostenuto per mesi: primo lavoro tra i nazionalisti di diventare il motore del cambiamento, poi una seconda volta, discutere con tutti gli altri rappresentanti del popolo corso.

Se tu fossi stato unito al primo turno o al secondo, pensi che avresti potuto vincere queste elezioni?

La spinta causata da una lista comune per tutti i nazionalisti avrebbe potuto creare una sorpresa ancora più grande di quello che abbiamo conosciuto. In tale configurazione, tutte le speranze erano. Ora, piuttosto che concepire di rammarico, deve guardare al futuro ...

Tra il secondo e il terzo round di negoziati si sono svolti tra la destra e nazionalisti, che cosa ne pensi, sei stato coinvolto e che cosa è stata la tua posizione?

A mia conoscenza, nessuna proposta concreta è stata fatta con una delle due liste nazionalisti. In ogni caso, non è chiaro cosa si potrebbe fare, se non per prendere in prestito le strade particolarmente pericolose. Che da parte nostra non abbiamo mai considerato facendo.

Che il successo elettorale Avrà ripercussioni vostre rivendicazioni, o la vostra strategia politica?

Sul contenuto delle nostre richieste, non ci sarà alcun cambiamento. Abbiamo un piano preciso. Siamo ora il compito di difendere. Tuttavia, la nostra posizione è migliorata in modo significativo. La situazione creata dal risultato elettorale ci consente di essere particolarmente offensivo su questioni che sono cari al nostro cuore, terra, lavoro, cittadinanza, lingua, prigionieri ... Per cominciare, abbiamo introdotto, come promesso, la nostra proposta sul organizzazione prima dell'estate, "Focus sulla terra e gli alloggi. Ricordiamo che tra le due torri, il signor Giacobbi ha riconosciuto la nostra richiesta e ha promesso di intervenire in caso di responsabilità di accesso. Si sta ora sperimentando. Resta per lui mantenere la parola.

Con questi risultati, l'equilibrio di potere che non ha mosso tra Parigi e la Corsica?

Occorre essere realisti: le cose sono difficili e non siamo abituati a mostrare spavalderia. Tuttavia, è chiaro che l'equilibrio di potere è cambiata significativamente.

Come interpretate queste chiamate di porre fine alla lotta armata? Il tempo è venuto, come auspicato da alcuni commentatori?

Corsica Libera è un ente pubblico e non appartiene a lui decidere qualcosa in proposito. Basta osservare che queste chiamate non sembra privo di secondi fini e di calcolo politico. E la fine della lotta armata non sembra oggi essere la priorità della Corsica che hanno molte altre preoccupazioni.

Questo inverno, Mangiare il cuore hanno distribuito 30.000 pasti nei villaggi interni, soprattutto ai pensionati anziani. Nelle aree urbane, con i ristoranti del cuore è non solo i disoccupati ei pensionati, ma sempre di più a basso reddito e alle donne sole con i loro bambini. società corsa tradizionale ripartizione è pieno?

solidarietà familiare, che fa parte dei nostri valori culturali, è diventato sempre più difficile nascondere l'insicurezza che installa. Eppure, in un paese con tutti i beni, con la gente di modeste dimensioni come la nostra, che tutti dovrebbero vivere non solo con dignità, ma comodamente. Corsica si è impoverito dalle politiche folli che sono state prese da Parigi e dei suoi contatti nell'isola. Con queste politiche si romperà, quello che offriamo attraverso il nostro progetto Corsica 21. Ma ora, si consiglia una serie di misure urgenti in materia di accesso al credito, l'occupazione, i livelli di prezzo, l'alloggio, la salute pubblica, studente insicuro ... La questione sociale deve essere al centro preoccupazioni della nuova Assemblea.

Il filosofo Marcel Conche aderito al comitato a sostegno della Corsica Libera per le elezioni del territorio. Qual è il significato di questo approccio ad un grande intellettuale francese per quanto riguarda il vostro movimento?

E 'infatti una sicurezza importante per le nostre idee. Tanto più che questa posizione è attentamente considerato e che Hank è ben lungi dal negare Conche di Francia nel suo libro "Il fondamento della morale" (PUF, 1993-2003), il filosofo prende come punto di partenza per il viaggio verso infatti le idee francesi del tardo Settecento. Contrariamente a quanto molti pensano di Corsica, gli intellettuali veri francesi non sono contrari al nostro movimento. Tuttavia, un presunto "elite" politico-mediatico parigino non riesce a trovare parole abbastanza forti caso della Corsica. Ma credo che il sostegno di Marcel e Albert Memmi offset Conche uno Christophe Barbier ostile il cui ridicolo caricature finalmente confermare la giustezza della nostra causa.

Qual è la posizione del suo gruppo in seno all'Assemblea se Paul Giacobbi ricercare un consenso per una piena attuazione dello statuto o perché no, anche la prospettiva di un nuovo processo di Matignon come?

Nel nostro caso, abbiamo sempre detto che la crisi può essere raggiunto solo attraverso una soluzione politica della questione della Corsica. Inoltre, se un dialogo stava prendendo forma nel tempo a venire, lo facciamo naturalmente la nostra parte a pieno titolo, con la stessa lealtà che abbiamo dimostrato durante il processo di Lionel Jospin. Con la stessa determinazione anche. Un'analisi spassionata della nuova situazione dovrebbe

Guidare Parigi a considerare un processo di decentramento a beneficio della Corsica. Il livello accettabile di voltare la pagina del conflitto sembra essere abbastanza facile da trovare: Cittadinanza corso status di lingua ufficiale, la riconciliazione e la liberazione dei prigionieri ...

Dobbiamo iniziare a discutere di tutto questo Grandval Course. Il nuovo presidente dell'Assemblea ha dichiarato: "In una soma s'acconcierà viaghju. Cerchiamo di accogliere nel segno.



Intervista di Paolo Antonietti in Corsica's Your Weekly Aprile 16, 2010

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 18:24

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Motion

Avec demande de priorité déposée par Jean-Guy Talamoni au nom du Groupe Corsica Libera

 

Considérant les graves difficultés rencontrées actuellement par les Chemins de Fer de la Corse, menaçant gravement la pérennité du service.

 

Considérant qu’après un investissement de 320 millions d’euros, dont 48 consacrés à l’achat de nouveaux autorails, ces derniers sont actuellement hors d’usage en raison de problèmes de sécurité.

 

Considérant que la remise en service des anciens autorails ne permet pas, compte tenu de leur vétusté, d’assurer les transports habituels prévus dans la délégation de service public.

 

Considérant que cette situation, déjà critique et qui va encore être aggravée avec la saison estivale, présente un caractère d’urgence.

 

Considérant que les syndicats pointent de nombreux problèmes révélant l’inadaptation des autorails achetés à la configuration des parcours.

 

Considérant qu’il y a donc lieu d’engager la responsabilité des différents contractants de la CTC dans cette affaire, notamment le constructeur, CFD, ainsi que la société EGIS RAIL qui a assuré l’assistance à maîtrise d’ouvrage.

 

Considérant qu’il paraît opportun et urgent d’engager une action judiciaire afin notamment de voir ordonner une expertise permettant de définir les responsabilités au plan technique (rédaction du cahier des charges et suivi), d’évaluer le montant du sinistre au plan comptable y compris les pertes d’exploitation, et de formuler des préconisations pour redresser au plus vite la situation.

 

Considérant que la CTC devra désigner son propre expert, afin notamment de l’assister au cours des opérations menées par l’expert judiciaire.

 

L’Assemblée de Corse

 

Décide d’engager une procédure judiciaire à l’encontre de CFD, d’EGIS RAIL, ainsi que de leurs assureurs respectifs et de toute personne physique ou morale susceptible d’être mise en cause dans ce dossier, afin notamment de voir ordonner une expertise permettant de définir les responsabilités au plan technique (rédaction du cahier des charges et suivi), d’évaluer le montant du sinistre au plan comptable (y compris les pertes d’exploitation), et de formuler des préconisations pour redresser au plus tôt la situation.

 

Demande au Conseil exécutif de désigner un expert afin de défendre les intérêts de la CTC au cours des opérations menées par l’expert judiciaire.

 

 

 

 

 

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 16:43

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Motion

 

Avec demande d’examen prioritaire déposée par Jean-Guy Talamoni au nom du groupe Corsica Libera

 

Considérant la situation extrêmement difficile de nombreux Corses emprisonnés hors de l’île, ainsi que les difficultés matérielles et morales rencontrées par leurs familles.

 

Considérant les précédentes délibérations prises par l’Assemblée de Corse demandant le rapprochement en Corse des prisonniers.

 

Considérant les différentes démarches engagées en ce sens tant par les élus corses que par les militants politiques et associatifs.

 

Considérant les engagements gouvernementaux pris à ce sujet il y a plusieurs années, lesquels n’ont pas été suivis d’effet.

 

Considérant que la nouvelle mandature doit être l’occasion d’une réaffirmation de cette exigence de justice par les représentants élus de la Corse.

 

Considérant que durant la campagne électorale et au moment de l’installation de la nouvelle Assemblée, des appels au dialogue et à la construction en commun ont été lancés de toutes parts.

 

Considérant que la recherche d’une sortie de crise ne peut se concevoir sans la prise en compte de la question des prisonniers, dont le rapprochement en Corse doit être conçu comme le prélude à leur libération, condition essentielle d’une réelle solution politique.

 

L’Assemblée de Corse

 

Réaffirme solennellement sa volonté de voir les prisonniers corses transférés dans l’île, et ce dans l’attente de leur libération, cette dernière étant indissolublement liée à une évolution positive de la situation politique de la Corse.  

 

 

 

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Présentation

  • : Jean-Guy Talamoni
  • : Jean-Guy Talamoni est avocat. Président de l'Assemblée de Corse, il a publié deux ouvrages politiques, "Ce que nous sommes" (Ramsay/DCL, 2001) et "Libertà" (2004), ainsi que trois livres sur la langue corse.
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